Soigner un kératocône

Le Cross-Linkng (CXL)

Les patients doivent absolument intégrer les deux différents volets de la prise en charge de la maladie : l’un consiste à traiter la maladie par une opération que l’on appelle le "Cross-Linking" (CXL), l’autre consiste à équiper le patient pour rendre la maladie plus supportable dans son quotidien.

Si le kératocône pose un problème essentiellement optique (baisse de la vision) pour lequel les patient consultent, il ne doit pas occulter la possibilité de traiter radicalement la maladie lorsque celle-ci évolue et il existe aujourd’hui des nouveaux traitements. Ces traitements reposent à la fois sur l’implantation d’anneaux intra cornéens et sur le Cross-Linking du collagène cornéen. C’est en dernier recours qu’on envisagera une greffe de la cornée qui doit désormais rester l’exception. Le bilan doit être renouvelé régulièrement et les examens remis au patient.

Le "Cross-Linking" consiste à déposer sur la cornée atteinte par un kératocône un produit photosensible (la Riboflavine ou appelée vitamine B2) puis à traiter l’œil par une séance d’UVA (ultraviolets longs) durant plusieurs minutes. Le but de cette opération est de rigidifier le collagène cornéen. Cette association Riboflavine / UVA déclenche un phénomène naturel chimique entre les fibrilles de collagène, ce qui augmente la rigidité de la cornée.

Le traitement est long mais de réalisation simple et peu de complications ont été rapportées.

Le "Cross-Linking" est indiqué dès que le kératocône évolue ou risque de le faire.

L’efficacité du "Cross-Linking" du collagène est régulièrement consolidée par de nombreuses études cliniques démontrant son efficacité. L’étude de l’équipe de Dresde (Raiskup-WolfF. 2008) portant sur 241 yeux traités avec un recul moyen supérieur à 3 ans (6 ans pour les premiers patients traités) retrouve une diminution de la kératométrie significative d’environ 2,68 dioptries en moyenne mais semblant se poursuivre dans le temps. La meilleure acuité visuelle augmente d’une ligne ou plus de la moitié des cas et reste stable dans tous les autres. Seulement 2 yeux sur les 241 traités ont présenté une progression de leur kératocône et ont été retraités.

Dès que le kératocône a montré son caractère évolutif (variation kératométrique sur deux examens successifs) il est licite de proposer un "Cross-Linking" du collagène cornéen en particulier chez les patients les plus jeunes au plus fort potentiel évolutif.

Il faut agir tôt car le "Cross-Linking" ne peut être proposé que lorsque l’épaisseur de la cornée dépasse 400 microns. Si elle est inférieure, la pénétration des UVA peut entraîner des lésions des couches profondes de la cornée. Il faut donc proposer le "Cross-Linking" avant le stade d’amincissement cornéen qui pourrait contre-indiquer ce traitement ou avant un stade trop évolué, l’effet sur la réfraction étant très modéré.